Allemagne : discordes sur les réfugiés

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De nombreux députés CDU prennent leurs distances avec Merkel.

Les leaders de la coalition dirigée par Angela Merkel se sont quittés dimanche sans accord sur leur politique en matière de réfugiés. Après deux heures, le vice-chancelier et président du parti social-démocrate allemand (SPD) Sigmar Gabriel a quitté la réunion, laissant ses partenaires conservateurs, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et son aile bavaroise, la CSU, aplanir leurs différences.

Les présidents des trois partis ont eu des discussions « constructives «  et se retrouveront jeudi avec les ministres-présidents des Länder, a fait savoir la chancellerie. L’échec de cette rencontre souligne les tensions qui montent au sein du gouvernement allemand, alors que la chancelière tablerait non plus sur 800.000 mais 1 million de réfugiés arrivant cette année en Allemagne, selon la « Frankfurter Allgemeine Zeitung  » (FAZ).

Avant la réunion, Horst Seehofer, le président de la CSU, lui avait fixé un ultimatum pour qu’elle freine l’afflux de demandeurs d’asile. La semaine dernière, il a laissé flotter la rumeur selon laquelle il serait prêt à retirer les trois ministres CSU du gouvernement, déclenchant une crise de coalition. Selon un sondage Emnid publié dimanche par « Bild « , 36 % des Allemands voteraient pour la CDU-CSU en cas d’élections dimanche prochain, contre 43 % en août. Le parti populiste de droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) profite des craintes des Allemands face au flot de demandeurs d’asile dont près de 10.000 arrivent chaque jour outre-Rhin. Il gagne un point avec 8 % d’intentions de vote, voir 15 % dans les Länder de l’Est. « Si la CDU continue de céder des points à l’AfD de manière claire dans les Länder où ont lieu des élections régionales l’an prochain, ça va devenir très dur pour elle « , juge Torsten Oppelland, professeur de sciences politiques à l’Université d’Iéna. Trois Etats régionaux doivent renouveler leur Parlement le 13 mars 2016 : la Rhénanie Palatine, le Bade-Wurtemberg et la Saxe-Anhalt.

Profiter de la situtation

Au sein de la CDU, de plus en plus de députés considèrent Angela Merkel comme un danger, regardant le ministre des Finances Wolfgang Schäuble comme un recours potentiel. Sigmar Gabriel, dont le parti reste bloqué à 25 % dans les sondages, tente de profiter de la situation. « Le désaccord entre la CDU et la CSU est en train de menacer la capacité du gouvernement à agir », a dit le vice-chancelier. La veille, il avait fait savoir, pour la première fois, qu’il serait candidat à la chancellerie pour les élections générales en 2017.

T. M.