En achetant la Banque d’Orsay, Oddo accélère sa mue en gérant d’actifs

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La Banque d’Orsay a finalement trouvé un acquéreur. Certainsn’y croyaient plus, la filiale de la banque allemande WestLB ayant été mise en vente au printemps 2008. L’aggravation de la crise à partir du mois de septembre 2008 a compliqué ce processus de vente. C’est durant l’été que Oddo & Cie a décidé de racheter la Banque d’Orsay. « Cette opération, encore soumise à l’appobation des autorités de tutelle, va nous permettre de grandir et de monter en puissance dans les activités de gestion d’actifs et de banque privée, qui représentent aujourd’hui de 40 % à 45 % des revenus totaux d’Oddo & Cie et plus de la moitié de notre résultat « , commente Philippe Oddo, associé gérant d’Oddo & Cie.

Impact du « subprime »
Cette transaction, d’un montant tenu secret, apparaît importante au regard des autres opérations de croissance externe réalisées par le passé, telle la reprise de Cyril Finance (en 2005) ou de NFDMA dans la gestion privée (en 2003). La Banque d’Orsay va apporter 2,5 milliards d’euros d’encours, dont 500 millions en gestion, aux 17 milliards d’euros que gère aujourd’hui Oddo. 17 milliards d’euros, c’était d’ailleurs aussi le montant des encours gérés par la Banque d’Orsay mais en 2006. Cette institution a été très durement affectée par la crise des crédits hypothécaires à risque (« subprime »), qui a fait chuter ses actifs et suscité des sorties massives. L’indécision sur l’avenir de cette filiale de la WestLB n’a pas aidé. Pour Oddo, qui s’engage à reprendre l’intégralité des effectifs de la Banque d’Orsay, ce rachat va lui permettre de pallier une croissance organique rendue bien plus difficile et lente pour tout le secteur de l’« asset management » depuis la crise. En effet, la collecte reste globalement limitée en France et fortement polarisée sur quelques acteurs.

Oddo gère aujourd’hui 17 milliards d’euros, comme en 2005. Ses actifs ont grimpé jusqu’à 22 milliards d’euros en 2006 pour redescendre à 15 milliards durant la crise en 2008. Le modèle choisi par Oddo reste celui d’une boutique diversifiée présente sur de nombreux métiers (intermédiation, banque d’affaires, gestion d’actifs et privée…) afin de mieux traverser les cycles financiers. Seulement, la crise est passée par là et le portefeuille d’activités a logiquement subi des arbitrages et priorités, dont fait plus que jamais partie la gestion d’actifs.

Culture de marché
« A l’origine, le management et les collaborateurs de la Banque d’Orsay étaient issus des marchés de capitaux. Nous partageons cette même « culture de marché », ce qui devrait favoriser et faciliter l’intégration de cette nouvelle entité », souligne Philippe Oddo. Historiquement, la Banque d’Orsay tirait la plus grande partie de ses revenus de ses activités de « trading » pour compte propre. Elles sont aujourd’hui beaucoup plus faibles, la banque ayant considérablement réduit la voilure sur ce métier, certes parfois très profitable mais aussi risqué. Des risques que ne veut pas prendre son nouveau propriétaire. Oddo va ainsi transformer les activités de gestion pour compte propre sur les actions qu’il va hériter de la Banque d’Orsay en gestion pour compte de tiers : fonds de gestion alternative, et notamment d’arbitrage de fusions-acquisitions. L’activité de compte propre de la Banque d’Orsay sur les obligations devrait, elle, être intégrée au compte propre d’Oddo, mais en se focalisant sur les instruments les plus sûrs (catégorie « investment grade « ).

@NessimAitKacimiSuivre