Geoffroi de Saint Chamas et François Guichot-Pérère Duo de banquiers chez Lazard

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CARNET

Les Echos n° 20354 du 02 fevrier 2009 • page 14

Dans le monde de la finance parisienne, les vrais tandems sont plutôt rares. Ou provisoires. Ces deux-là sont un exemple de réussite incontestée. Anciens coresponsables de l’activité de financement à effet de levier chez Royal Bank of Scotland, ils viennent de rejoindre, ensemble, la banque d’affaires Lazard en tant que coresponsables du conseil en financement.

Agés respectivement de quarante-trois et quarante-six ans, Geoffroi de Saint Chamas et François Guichot-Pérère fonctionnent à deux depuis sept ans. Mais ils se connaissent depuis plus longtemps. Tous deux économistes de formation _ le premier est diplômé de Sciences po et Dauphine, le second de Dauphine et de l’IAE _, ils ont fait l’essentiel de leur carrière dans l’industrie bancaire et se sont croisés pour la première fois au Crédit Agricole. Passé chez Paribas, Geoffroi de Saint Chamas était alors chez Indosuez et s’occupait de financement d’acquisition. François Guichot-Pérère était, lui, en poste au Crédit Agricole Ile-de-France, après avoir travaillé pour l’italien San Paolo. Ils se retrouvent sur certains dossiers de financement. En 2000, Geoffroi de Saint Chamas rejoint Royal Bank of Scotland, qui vient de s’installer à Paris. L’équipe est petite, mais la stratégie est claire. La banque veut développer une activité de financement LBO (à effet de levier) à destination des fonds, un marché en pleine croissance, dont elle va faire sa spécialité.

Répartition des rôles
Deux ans plus tard, il fait venir François Guichot-Pérère. Les deux hommes se répartissent les rôles : le premier s’occupe de l’origination de nouvelles affaires, le second du suivi du portefeuille. Rapidement, les deux fonctions se rapprochent, puisque les fonds remettent de plus en plus vite en vente leurs actifs. Leur mode de fonctionnement permet une plus grande fidélisation des clients. En 2006, sans surprise, ils sont nommés coresponsables de l’activité. RBS est alors au sommet de sa gloire dans ce métier et rafle les premières places des classements. C’est l’époque des LBO à plusieurs milliards. « Ce qui est original dans notre association, c’est qu’elle ne nous a pas été imposée, relève Geoffroi de Saint Chamas. L’institution s’est rendu compte que 1 + 1 = 3. Nos différences nous ont permis de couvrir le marché avec une efficacité décuplée. » Ils n’ont pas les mêmes clients, mais parviennent, en les partageant, à faire mieux que séparément. De fait, poursuit le même, « il n’y a pas de politique entre nous, c’est un gain de temps considérable ! » L’un est plus réfléchi, plus tactique, l’autre plus instinctif, plus dans l’action. Mais la combinaison fonctionne à merveille. « Nous avons la chance d’être complémentaires », note François Guichot-Pérère. Leur secret : se parler.

Conscients des atouts de leur alliance, ils ont choisi de quitter RBS ensemble pour rejoindre Lazard. Alors que la crise a fait de la dette une denrée rare, la banque d’affaires fait le pari de se renforcer dans le conseil en financement. Les deux spécialistes devront donc faire preuve d’inventivité pour trouver des solutions de financement non bancaires. « Le fait d’être deux favorise l’innovation, estime François Guichot-Pérère. Il y en a toujours un qui a la bonne idée au bon moment. » CQFD.

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