La machine de guerre de Nicolas Sarkozy

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Si quelques doutes subsistaient encore pour certains, ils ont dû être levés. Les Républicains, dont le congrès fondateur s’est tenu ce week-end à Paris, seront une machine de guerre au service de Nicolas Sarkozy. Et de lui seul. Les sifflets contre deux de ses principaux rivaux, Alain Juppé et François Fillon, samedi à la Villette, les rumeurs insistantes de départ des instances dirigeantes du nouveau parti de NKM, en désaccord avec la ligne trop à droite, selon elle, de l’ex-chef de l’Etat : tous les signaux de ces derniers jours vont dans ce sens. Ces six derniers mois, Nicolas Sarkozy s’est employé à réunifier la défunte UMP, minée par les divisions, et a beaucoup travaillé au rassemblement de la « famille « . Mais avec Les Républicains, une nouvelle ère s’ouvre pour l’ex-président : celle de lutte à mort en vue de la primaire de 2016. Etre à la tête de la principale formation politique de droite lui confère un avantage indiscutable sur ses adversaires. Et il n’entend pas s’en priver. Même si cela présente des risques. Celui d’apparaître moins comme un ancien de chef de l’Etat que comme un chef de parti, contraint à des attaques parfois outrancières contre le pouvoir socialiste pour contenir le Front national. Celui d’être perçu moins comme le point de ralliement de l’opposition à François Hollande que comme le champion de militants radicalisés. Alain Juppé ne s’est d’ailleurs pas privé de pointer ce danger dimanche sur Europe 1 en évoquant « le risque d’enfermement » que constituent les adhérents. « Nicolas Sarkozy a le parti. Moi, pour l’instant, j’ai l’opinion », a-t-il souligné. Un point de vue très largement partagé : pour les trois quarts des Français interrogés par Odoxa pour « Le Parisien » ce week-end, « l’objectif » de l’ex-chef de l’Etat, avec Les Républicains, « est avant tout de mettre en place une structure visant à le favoriser lui-même en vue de 2017 « . Et les mêmes sondés sont 72 % à souhaiter qu’il ne se représente pas à la présidentielle.

Nicolas Sarkozy le sait, mais assume. Parce qu’il est convaincu que c’est l’électorat de droite le plus mobilisé et non l’opinion qui départagera les candidats à la primaire fin 2016. Et qu’il sera toujours temps ensuite de se recentrer si besoin.

sdupont@lesechos.fr

Stéphane Dupont