Le gigantesque fonds de pension public japonais perd 61 milliards d’euros en trois mois

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C’est pas de chance. Continuant sa mue souhaitée par le gouvernement de Shinzo Abe, le GPIF, le fonds de réserve japonais des régimes de retraite publique, qui, après des années de gestion extrêmement conservatrice et discrète, se transforme en un fonds plus agressif osant les mises risquées, a fièrement lancé, ce lundi, sa chaîne YouTube pour mieux se faire connaître du grand public.

Mais sa première vidéo mise en ligne a été tournée, lors de la présentation dans la journée à la presse des exécrables résultats trimestriels du fonds. Sur la séquence allant de juillet à septembre, le GPIF, qui gère au total 135.108 milliards de yens (1.037 milliards d’euros) d’actifs, a enregistré une perte de 7.890 milliards de yens, soit 61 milliards d’euros. Jamais depuis sa création en 2001, il n’avait généré de pertes trimestrielles aussi colossales.

Trois des quatre catégories d’actifs, dans lesquelles le fonds place l’essentiel de sa « fortune », ont été déficitaires sur le trimestre. Touché, comme les autres fonds de pension, par la fébrilité des marchés motivée par le ralentissement chinois, le GPIF a perdu, en trois mois, 3.660 milliards de yens sur ses placements dans des actions étrangères, qui représentent désormais 21,6 % de ses investissements totaux. Ses mises sur le marché actions japonais (39 % de son portefeuille) ont perdu 4.320 milliards de yens. Et ses obligations étrangères (13,6 % de ses placements) ont généré une perte de 241 milliards de yens. Seuls les bons du Trésor japonais, dans lesquels le GPIF plaçait, avant sa grande transformation de 2014-2015, plus de 60 % de ses fonds, ont généré un profit de 302 milliards de yens. Mais, désormais, ce segment n’absorbe que 39 % de son portefeuille global.

Réagissant quelques minutes après l’annonce du fonds, Renho, une députée d’opposition, a rappelé dans un tweet que les sommes perdues ces derniers mois étaient censées alimentées le paiement de retraites. Mais sa sortie n’a initié aucun débat au Japon. Etouffant toute polémique potentielle, le responsable de la structure a expliqué qu’il ne servait à rien de juger des performances à court terme et assuré que le GPIF générerait un surplus sur l’exercice fiscal qui s’achèvera en mars 2016.

Y. R. (à Tokyo)