le jeu trouble du FBI sème la confusion

0

Certains historiens affirment que Nixon aurait échappé à la destitution s’il avait nommé le dauphin désigné d’Edgar Hoover à la tête du FBI plutôt qu’un de ses proches. Le candidat malheureux se vengea en effet en devenant la « gorge profonde  » des journalistes du « Washington Post « , qui devait les mener au scandale du Watergate. Quarante ans plus tard, voilà que les conflits internes de l’agence soufflent de nouveau le chaud et le froid sur l’avenir d’un pays déjà déchiré par des mois de campagne électorale.

Lire aussi :

>FBI : qui est James Comey, l’homme qui bouscule la campagne présidentielle américaine ?

> A cinq jours de l’élection, Trump reprend l’avantage dans plusieurs Etats-clefs

C’est la décision du patron de l’agence, James Comey, de révéler, à onze jours du scrutin, l’existence de nouveaux e-mails d’Hillary Clinton datant de son passage au secrétariat d’Etat, qui a provoqué l’irruption du FBI dans la campagne. En voulant préserver l’indépendance et la neutralité de l’agence, James Comey a au contraire provoqué une tempête médiatique.

Une utilisation excessive et inconstitutionnelle du pouvoir contre notre système électoral.

« Il y a une règle selon laquelle dans le cadre d’une enquête on ne pratique pas le sous-entendu et on n’intervient pas à partir d’informations incomplètes ou de fuites « , a déclaré mercredi Barack Obama dans un entretien à la radio. L’ancien député républicain Joe Walsh, un supporter de Trump, a, lui, carrément pointé une « utilisation excessive et inconstitutionnelle du pouvoir contre notre système électoral « .

Un choix controversé

Lire aussi :

>Emails d’Hillary Clinton : le patron du FBI a-t-il violé la loi ?

> Emails d’Hillary Clinton : trois affaires en une

> Emails : Hillary Clinton assure qu’il n’y a rien de compromettant

Réputé intègre et droit, James Comey a choisi de passer outre l’avis du ministère de laJustice et de faire ces révélations en sachant qu’elles risquaient d’être « mal comprises ». Une partie de la classe politique s’interroge néanmoins sur ses motivations. A-t-il cherché à se racheter après avoir conclu, peut-être un peu hâtivement, l’enquête sur les e-mails d’Hillary Clinton en juillet ? Ou cet ancien de l’administration Bush (nommé par Obama) agit-il en sous-main pour les républicains ? Ou bien a-t-il cherché à prévenir une fuite, sachant l’agacement provoqué en interne par sa décision de clore l’enquête en juillet ?

Une agence qui ne cache plus ses ­conflits internes

Son choix contro­versé semble avoir en tout cas délié les langues au sein d’une agence qui ne cache plus ses ­conflits internes. En début de semaine, des sources au sein de l’agence ont ainsi affirmé que James Comey s’était opposé au communiqué de l’administration Obama accusant la Russie d’avoir piraté le serveur du parti démocrate. Le « New York Times  » a ensuite révélé que le FBI avait enquêté cet été sur les liens entre Donald Trump et la Russie, mais n’avait mis à jour aucun lien privilégié. Et le « Wall Street Journal  » s’est quant à lui fait l’écho de la frustration de certains enquêteurs chargés de se pencher sur la fondation ­Clinton, pointant un manque d’intérêt de leur hiérarchie sur le sujet. Mardi, c’est l’agence elle-même qui a pris tout le monde de court en tweetantun vieux rapport d’enquête sur l’amnistie du sulfu­reux trader Marc Rich par… Bill Clinton.

Elsa Conesa, bureau de New York