le « pure player » d’info le plus attendu du moment

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Alors que beaucoup de publications et de sites d’infos se sentent dans une impasse financière, Jim VandeHei, cofondateur de « Politico « , et Mike Allen, l’auteur de la newsletter (Playbook) restée la plus célèbre de ce site, s’apprêtent à lancer un nouveau média d’information haut de gamme avec un nouveau modèle économique et un nouveau langage.

Cela fait quelques mois que ces deux hommes qui ont bouleversé la couverture de la politique de Washington (Politico est le modèle du nouveau média dans la série « House of Cards ») intriguent toute la profession en affirmant qu’ils sont prêts à tirer les conclusions des difficultés rencontrées par les titres de presse. Depuis ce mercredi, ils ont levé un coin du voile sur leur projet en ouvrant un site (« Axios.com « ) et en donnant une interview à « Vanity Fair » et « Recode ».

Un media sur les réseaux sociaux

Leur nouveau média dont le nom Axios veut dire « méritant  » en grec devrait générer d’ici 2 ou 3 ans la moitié de ses revenus avec des abonnements _qui pourraient coûter au moins 10.000 dollars ! L’autre moitié viendra de l’événementiel, du sponsoring et de la publicité, notamment le native advertising. La nouveauté pour un média généraliste est que ses contenus seront distribués par newsletters ou voyageront volontiers sur les réseaux sociaux comme Facebook, Snapchat et LinkedIn pour toucher leur cible. Axios ne précise pas encore comment. Pas question en tous cas d’attirer et d’enfermer dans un écosystème où placer des bannières publicitaires gênantes pour le lecteur.

Axios aura une structure légère d’une cinquantaine de journalistes experts reconnus (plusieurs ont leur newsletter attirant beaucoup de lecteurs), venant de grands médias (« New York Times », « Fortune » et Bloomberg…). Ils devraient tous avoir une part au capital.

Dans l’interview à « Vanity Fair », Jim VandeHei décrit le paysage de l’info écrite en deux catégories. D’un côté, les dinosaures comme le « New York Times » et le « Wall Street Journal » qui « sont assis sur une structure technologique hyper-chère et encombrante, qui est obsolète et tellement remplie d’archives et d’informations sur leur clients que ce n’est pas possible de s’en débarrasser, car ce sont des revenus à court terme ». Pour ces publications, la transition va être « douloureuse  » et va saper l’enthousiasme des troupes.

10 millions de dollars

De l’autre, il y a selon lui les sites comme « Business Insider  » ou « Huffington Post » dont le modèle est « donner moi juste beaucoup de trafic et je vous jure que je vais trouver un modèle économique », dit-il. Comme tout le monde sur la Toile veut générer le plus gros nombre possible de pages vues et de visiteurs uniques, le prix de l’espace publicitaire ne cesse de plonger. C’est le piège aux clics ou à l’info au plus bas dénominateur commun. D’où l’alternative suivante : fermer boutique ou se vendre (ce qu’a fait « Business Insider », à Springer).

Google et Facebook absorbent l’essentiel de la pub en ligne, il faut tout remettre à plat, dit Jim VandeHei. Axios, qui a levé début septembre 10 millions de dollars pour se financer notamment de la part de NBC News (du géant Comcast) et de Lerer Hippeau Ventures, la société de venture-capital derrière le Huffington Post et BuzzFeed, se voit comme la rencontre entre « The Economist » et Twitter.

L’accent serait en particulier mis sur « la brièveté smart » que Jim VandeHei a pu expérimenter en co-produisant « We the People » un service d’infos sur le réseau pour jeunes gens Snapchat. « Pas de longs articles qui n’intéressent que les journalistes », dit Jim VandeHei. Il faudra être clair « pas ennuyeux », dit le « manifeste  » posté sur le site Axios. Ce nouveau média souhaiterait focaliser ses journalistes sur l’économie, la technologie, la politique, la santé et les médias.