les contours d’un nouveau géant de l’agrochimie

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Le dernier obstacle à la naissance d’un géant de l’agrochimie a été levé. La division antitrust du Département de la Justice des Etats-Unis a donné, cette semaine, au groupe allemand Bayer, l’autorisation d’acquérir l’américain Monsanto. Les deux entreprises ont désormais reçu l’approbation des plus importantes autorités concernées à travers le monde, dont celle de l’Union européenne, du Brésil et de la Chine.

A l’issue de ce rachat, annoncé en septembre 2016 pour un montant de 66 milliards de dollars (56 milliards d’euros), Bayer détiendra désormais 20 % du marché agrochimique (semences et produits phytosanitaires). Il devancera ses principaux concurrents : Syngenta (15 %) et Dow-Dupont (15 %).

Ce nouveau mastodonte de l’industrie affiche des ventes combinées de 24,3 milliards de dollars, en 2017. Réunies, la division Science des cultures du géant allemand et Monsanto, emploiera près de 30.000 personnes.

Bayer se déleste du nom Monsanto

« Bayer demeurera le nom de l’entreprise. Monsanto en tant que nom d’entreprise ne sera pas maintenu « , indique le groupe dans un communiqué, ce lundi 4 juin. En revanche, les produits développés par l’américain conserveront leur nom de marque, « et prospéreront, dans le cadre du portefeuille de Bayer « .

Bayer annonce également qu’il compte boucler le rachat de Monsanto ce jeudi  7 juin. Pour l’aider à financer l’opération, il va procéder à une augmentation de capital de 6 milliards d’euros.

Roundup, OGM et ferme digitale

Ce géant exploitera près d’une trentaine de marques (Dekalb, Seminis, De Ruiter…) auxquelles les agriculteurs et professionnels sont très attachés, assure Bayer.

A la demande de plusieurs autorités de la concurrence, Bayer a dû toutefois se séparer pour près de 8 milliards d’euros d’activités (semences de légumes, insecticides, désherbants…) au bénéfice de son concurrent BASF. En rachetant Monsanto, le géant allemand spécialiste des produits phytosanitaires met cependant la main sur le numéro un des semences.

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Bayer acquiert au passage un certain nombre de marques, dont le célèbre et décrié herbicide Roundup. Il profitera également des fortes innovations de l’américain en termes de biotechnologie (notamment dans les OGM) et d’agriculture de précision. Celle-ci, une des spécialités de Monsanto, permet de gérer la production agricole en fonction de la température et de l’hydrographie.

La puissance de la R & D

Mais la principale force de ce nouveau géant résidera surtout dans sa capacité d’investissement en Recherche et Développement (R & D). En 2016, Bayer a dépensé 4,7 milliards d’euros en R & D – dont un milliard d’euros pour les seules plantes. La même année, Monsanto a investi un peu plus de 1,4 milliard de dollars dans la recherche sur les plantes. Combinées, les deux entreprises peuvent donc arguer une capacité d’investissement d’environ 2,5 milliards de dollars dans le domaine.

La combinaison améliorera également le rythme des innovations pour la ferme

« La combinaison des innovations semencières et biotechnologiques de Monsanto avec les nouveaux outils de protection des cultures de Bayer améliorera également le rythme des innovations pour la ferme », estimait en janvier 2017 Robb Fraley, directeur de la technologie du semencier américain. Il faut en effet compter en moyenne une dizaine d’années pour développer un nouvel herbicide, précise-t-il, et attendre encore une dizaine d’années avant de pouvoir mettre au point une graine commercialisable capable d’y résister.

Nourrir 10 milliards d’êtres humains

En fusionnant, les deux entreprises pourront ainsi développer graines et herbicides en parallèle et gagner du temps. A terme, le géant de l’agrochimie Bayer-Monsanto maîtrisera d’un bout à l’autre de la chaîne de production agricole : des semences aux herbicides, en passant par les outils digitaux permettant de les employer au mieux.

Le nouveau géant de l’agrochimie devra utiliser à bon escient son nouveau périmètre pour relever un défi de taille, auquel tout le secteur sera confronté : l’augmentation de la population mondiale. D’ici 2050, le nombre d’habitants sur la planète devrait passer de 7 à 10 milliards, selon les estimations de l’ONU.