Les grands magasins vont à l’ouverture du dimanche en ordre dispersé

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Les grands magasins parisiens vont-ils réussir à signer avec les syndicats un accord de branche leur permettant d’ouvrir tous les dimanches ? Rien n’est mons sûr. Entrant ans une phase décisive, la négociation s’avère tendue. L’avant-dernière réunion prévue par les partenaires sociaux se tiendra ce mardi, avant une ultime programmée le 24 novembre. En cas d’échec, Galeries Lafayette, Printemps Bon marché et autres devront obtenir un accord d’entreprise chacun de leur côté. « Et ce ne sera pas plus simple, explique l’un des protagonistes, car les représentants syndicaux des entreprises sont pour certains plus proches de l’intersyndicale Clic-P qui mène le combat contre l’ouverture dominicales. « 

Dans tous les cas de figure, un accord n’est pas certain. Emmanuel Macron a donné aux enseignes douze zones touristiques internationales à Paris dans lesquelles il est possible d’ouvrir 52 fins de semaines sur 52. Mais le ministre de l’Economie « a aussi donné les clefs du camion aux syndicats « , selon l’expression d’un négociateur, en conditionnant l’ouverture à un accord social. Pas d’accord, pas d’ouverture. Et avec, à elles deux, plus de 50 % de représentativité dans la branche, la CGT et FO peuvent faire jouer leur droit d’opposition.

Pour l’heure, ironie de l’histoire, le blocage vient plutôt des dirigeants des grands magasins. Tous s’accrochent encore officiellement à la négociation commune, alors même que « c’est très mal engagé », estime le représentant de l’une des enseignes. Car tous les grands magasins n’ont pas les mêmes intérêts. Et tous ne souhaitent pas offrir à leurs salariés du dimanche les mêmes compensations salariales. Pour résumer : tout le monde ne veut pas payer double.

Du côté de Galeries Lafayette, la direction serait dans les starting-blocks pour tenter la course seule. Il est vrai que Boulevard Haussmann, au pied de leur navire amiral, le potentiel de touristes étrangers est important. Un potentiel qui devrait, selon elle, bénéficier d’abord au leader du marché. Par ailleurs, le groupe présidé par Philippe Houzé paie déjà double en province, dans les zones touristiques non internationales existantes. Enfin, parmi les vendeurs présents dans le grand magasin du boulevard Haussmann, les salariés des Galeries représentent moins de la moitié du total, de 30 % à 40 %. Les autres vendeurs sont employés par les marques (lire encadré).

Le Bon Marché, propriété de LVMH (comme « Les Echos « ), est implanté, lui, dans un quartier moins touristique, le 7e arrondissement, constitué d’une clientèle aisée le plus souvent dans sa résidence secondaire en fin de semaine. En outre, environ 70 % de ses vendeurs sont des employés maison. Le Printemps se situe, lui, dans une position intermédiaire. En province (à Marseille et à Deauville), il ne donne que 30 % de plus le dimanche. Son président, Paolo de Cesare, ne veut payer double que 12 dimanches, ceux générant le plus de chiffre d’affaires, avant les fêtes de fin d’année par exemple. Pour le reste, il propose, comme base de négociation, une majoration d’un tiers.

En somme, chaque grand magasin voit midi à sa porte, ce qui ne facilite pas une négociation commune. Afin de contourner la difficulté, l’Union du commerce de centre-ville (UCV), leur organisation patronale, a d’abord proposé aux syndicats un système dégressif avec 5 dimanches payés double, puis environ 80 % jusqu’au douzième dimanche et moins ensuite. A chaque enseigne ensuite, de se montrer plus généreuse. L’UCV doit présenter ce mardi une nouvelle proposition, mieux-disante. Pour sauver l’accord de branche. Reste à convaincre les représentants des salariés.

À noter

Chez Darty et à la FNAC, on négocie aussi chacun de son côté. Parce qu’il suffit aux deux enseignes d’étendre des accords déjà existants dans tout ou partie de leur réseau. Les négociations ont démarré le 29 octobre à la FNAC. Elles sont terminées chez Darty, qui paie double et ouvre 22 magasins à Paris le dimanche.

@Bertra1PhilippeSuivre