L’Italie n’a pas fini de nettoyer ses banques

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La BCE commence à ramasser les copies. Jusqu’au 31 mars prochain, les banques italiennes lui remettront des plans « crédibles  » de réduction de leurs créances douteuses, même si, pour la plupart d’entre elles, dont Carige, la date butoir était fixée à ce mardi. Francfort souhaite que leurs taux d’exposition aux créances non performantes (NPE) soient ramenés sous le seuil des 10 % de leurs actifs. La moyenne de la péninsule dépasse actuellement les 16 %. Seuls la Grèce, avec 46,9 %, le Portugal, avec 19,7 %, et la Slovénie, avec 19,2 %, font pire. Sur les 1.000 milliards d’euros brut de crédits détériorés qui pèsent sur les bilans des banques européennes, un tiers environ sont italiens. Avec un peu plus de 88 milliards d’euros net, leur nombre s’est certes stabilisé, mais il représente toujours un facteur d’instabilité. Le secteur bancaire italien est encore « vulnérable « , a mis en garde l’OCDE. Les principales banques italiennes sont sur le point ces prochains mois de céder plus de 70 milliards d’euros de créances douteuses (NPL), soit 20 % de leur stock brut. Parmi les montants les plus importants mis sur le marché, les plus de 17 milliards d’euros de NPL d’UniCredit, les plus de 28 milliards d’euros de MPS ou encore les 10 milliards d’euros des banques vénitiennes préparant leur fusion. L’agence de notation Fitch pointait la difficulté de se libérer de ce fardeau sans dégrader le niveau de capitalisation. Une quadrature du cercle exigée par la BCE et à laquelle devra se soumettre Carige. La banque génoise a déjà accordé ses objectifs avec Francfort. Elle avait à la fin de l’année dernière 18,9 % de créances douteuses dans ses bilans, qu’elle doit ramener à 13,1 % en 2020. Ils devront ainsi passer des actuels 7,3 milliards d’euros à 3,7 milliards d’euros en 2019.

Une opération de titrisation de 2 milliards d’euros brut de crédits détériorés sera menée en deux tranches. La GACS, mécanisme de garantie publique payante négocié par le gouvernement italien avec Bruxelles, sera utilisée. Comme anticipé par « Il Sole 24 Ore », la création d’un véhicule ad hoc permettrait de céder environ 3 milliards d’euros brut de crédits détériorés. Des crédits que les dirigeants ne souhaitent pas brader afin de limiter le recours aux marchés, sollicités en 2014 et 2015 pour lever 1,6 milliard d’euros. Carige a annoncé mardi qu’il lèverait 450 millions d’euros. Un montant relatif au regard de la recapitalisation record de 13 milliards d’euros d’UniCredit et des 15 milliards d’euros qui seront demandés aux marchés par les banques italiennes, dont près de 9 milliards pour sauver MPS et près de 5 milliards pour assurer le succès de la fusion des banques vénitiennes.

À noter

Carige va fermer 90 agences, ce qui devrait entraîner la suppression de 155 emplois.

Correspondant à Rome Olivier Tosseri