Pékin et Séoul s’engagent dans le libre-échange

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D’ici 20 ans, 90 % des échanges entre la Chine et la Corée du sud seront exempts de droits de douane. C’est le 13ème accord que signe la Corée du sud.

Le contre-feu est presqu’idéal. Au moment où les exportations coréennes enregistrent, pour le mois de mai, leur plus forte baisse (-10 %) en six ans, conséquence du ralentissement de la Chine, Séoul et Pékin signent l’accord de libre-échange (ALE) qui prévoit de supprimer 90% des biens échangés d’ici vingt ans. Il a fallu trois ans de discussions pour mettre au point un texte qui continue de protéger les agriculteurs coréens même si ce secteur ne représente plus que 2 % du PIB. Sont effectivement exclus du texte le riz, le boeuf, le porc, le poivre ou encore le calamar.

Un nouvel élan pour les flux commerciaux

Sauf imprévu, cet accord doit donner un nouvel élan aux flux commerciaux bilatéraux. De 235 milliards de dollars en 2014, leur montant devrait dépasser 300 milliards selon les prévisions coréennes. Il doit également stimuler la croissance (+1,00 % ) et créer quelque 54.000 emplois. Pourtant, le texte salué par la plupart des observateurs, ne fait pas l’unanimité car il peut se révéler pénalisant à terme pénaliser pour la Corée du sud. «Je ne crois pas que le marché agricole bien protégé de la Corée du Sud sera capable d’améliorer sa compétitivité d’ici 10 ou 20 ans « , estime Kim Hyuung-Joo, analyste de l’Institut LG de recherche économique, cité par l’AFP. « Mais les secteurs que la Chine a réussi à protéger comme celui des écrans LCD et de l’automobile vont sûrement améliorer leur productivité et leur compétitivité « , a-t-il dit.

Dimension politique

Cet accord est le 13ème que la Corée du sud signe. Pour soutenir son modèle économique tiré par les exportations, la péninsule est engagée, depuis 2004, dans une politique agressive de libre échange. toutes zones confondues, les accords signés englobent actuellement 47 pays soit 56,2% du PIB mondial. Selon la Korea International Trade Association, la part des exportations coréennes régies par les accords était de 35,3 % en 2013. Une fois les 13 accords entrés en vigueur, elle passera à 55,5 % . En admettant que les traités encore en négociation (Mexique, Vietnam, Indonésie etc…) soient signés et entrent en vigueur, la proportion passera alors à 69,6 %. Cette politique, a certes un effet direct sur les échanges, elle a aussi une dimension stratégique. Séoul a ciblé l’ASEAN (Indonésie, Thaïlande, Vietnam etc…) dès 2004. Six ans plus tard, cette entité régionale est devenue le deuxième partenaire commercial de la péninsule coréenne, devant l’Union Européenne. Avantage, les dix pays qui composent l’ASEAN sont tous porteurs de projets d’infrastructures et souvent riches en matières premières. L’autre volet de la stratégie coréenne concerne bien sûr le Japon, son éternel rival. Séoul l’a déjà pris de court en signant en 2010 l’accord avec l’Union européenne. Avec la Chine, les Coréens conservent plus d’une longueur d’avance sur leur voisin. L’état des relations entre Tokyo et Pékin est tel que l’hypothèse d’un accord de libre-échange n’est pas envisagée à court terme.

@MdeGrandiSuivre