Smoove défie JCDecaux sur le marché des Vélib’ parisiens

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¤ L’appel d’offres a décorrélé ce marché de celui de la publicité urbaine. ¤ La société basée à Montpellier fait valoir la fiabilité de son système.

JCDecaux va devoir se retrousser les manches. Le pionnier des vélos en libre-service (VLS) doit faire face à la concurrence sur ce marché d’une petite start-up de Montpellier, Smoove, qui aligne les succès en France et à l’étranger, et lui dispute le prestigieux marché des Vélib’ parisiens, actuellement en appel d’offres.

La société est née en 2008, à l’époque où le concept inventé par JCDecaux (la mise en place d’un service de VLS financé totalement ou partiellement par le marché de l’affichage urbain) suscitait un tel engouement que les municipalités faisaient presque la queue pour en bénéficier.

Laurent Mercat a vécu cette période de près : il travaillait dans un bureau d’études spécialisé dans le transport urbain et rédigeait des appels d’offres pour la mise en place des VLS. Jusqu’à ce que la mairie de Montpellier, réticente à développer l’affichage publicitaire dans son centre-ville, le pousse à monter sa société pour proposer une alternative à JCDecaux.

Depuis, Smoove soigne sa différence. Dans l’approche, « nous sommes des spécialistes du VLS, avec une véritable expertise pour articuler ce système avec les autres modes de transport urbain « , souligne Laurent Mercat, mais surtout sur le plan technique. Installer les stations qui accueillent les vélos se fait sans creuser le béton ni tirer de câbles, ce qui permet un déploiement rapide, moins coûteux et plus adaptable dans la durée. Surtout, le système d’attache des vélos JCDecaux s’est révélé à l’usage vulnérable aux vols : « Dans plusieurs villes, cela a fait exploser les coûts, et les municipalités ont dû accepter des avenants présentés par JCDecaux, qui représentaient parfois plusieurs millions d’euros. Avec notre système, aucun vélo rendu dans sa station ne peut être volé « , affirme Laurent Mercat.

Déjà présent dans une vingtaine de villes

En s’appuyant sur ces atouts et sur un modèle qui repose sur une association avec un exploitant local, Smoove s’est implanté depuis sa création dans une vingtaine de villes, et pas des moindres puisqu’y figurent Moscou (lire ci-dessous), Nice, Chicago et Vancouver. Au total, plus de 20.000 vélos en libre-service.

Avec l’entrée au capital l’an dernier de Via ID (groupe Mobivia, maison mère de Norauto, Midas, etc.), la société se prépare à passer la surmultipliée. Elle va réaliser 9 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année et compte multiplier ce chiffre par 5 dès l’an prochain, en ciblant en priorité les grosses villes, au premier rang desquelles Paris.

L’appel d’offres pour renouveler l’exploitant des Vélib’ est en cours, avec l’ambition de couvrir une quarantaine de communes en plus de la capitale. Smoove espère bien déloger JCDecaux, le marché ayant été décorrelé de celui de la publicité urbaine.

Le sortant affiche toutefois sa sérénité : « Nous avons beaucoup de respect pour tous les concurrents, explique Albert Asséraf, l’un des dirigeants du groupe, mais l’appel d’offres parisien va nous permettre de montrer un certain nombre d’innovations. » Le résultat de l’appel d’offres est attendu au printemps prochain.

@lionelSteinmannSuivre