Un 1er Mai sous le signe de la désunion syndicale malgré la présence du FN au second tour

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C’était il y a quinze ans. Pour la première fois, le 21 avril 2002, le candidat du Front national – et père de Marine Le Pen – était arrivé au second tour de l’élection présidentielle. En réaction, le 1er Mai, près de 1,5 million de personnes avaient défilé dans toute la France pour appeler à lui faire barrage dans les urnes. Ils étaient près de 450.000 rien qu’à Paris, nécessitant de diviser en trois le cortège.

Les syndicats avaient été à l’origine de cette mobilisation historique le jour de la Fête des travailleurs, choisi depuis 1988 pour fêter Jeanne d’Arc par Jean-Marie Le Pen contre le « monopole syndicalo-gauchiste « . Seule Force ouvrière avait refusé de signer l’appel commun mais, sous la pression, ses troupes s’étaient jointes aux défilés, y compris son leader d’alors Marc Blondel.

Sacré contraste avec ce 1er Mai 2017. Lundi aura, en effet, été marqué du sceau de la division syndicale. Ajoutée au trouble provoqué par la stratégie du candidat d’En marche de revendiquer un vote d’adhésion à son programme, cette division aura contribué à ce que la mobilisation soit limitée.

Les organisations de salariés n’ont pas réussi à se mettre d’accord la semaine dernière sur une déclaration commune. Au-delà des divergences d’appréciation entre réformistes et contestataires sur le quinquennat Hollande, les désaccords ont porté sur le positionnement vis-à-vis du Front national. Au lendemain du premier tour, Force ouvrière mais aussi, plus surprenant, la CGT ont refusé que la déclaration commune affirme que « pas une voix ne doit se porter sur le Front national », faisant capoter les discussions. Cependant, lundi, dans une interview au « Parisien », son secrétaire général, Philippe Martinez, a affirmé que « le ni-ni n’est pas la position de la CGT », ajoutant qu’elle « demande de voter contre le Front national « , ce qui revient de fait à mettre un bulletin de vote Macron dans l’urne.

A de rares exceptions près, comme à Lille ou en Meurthe-et-Moselle, réformistes et contestataires ont défilé chacun de leur côté. La CFDT et l’Unsa qui ont, elles, appelé à voter explicitement pour Emmanuel Macron le 7 mai pour « battre  » Marine Le Pen, ont mobilisé, avec les étudiants de la Fage ou encore SOS Racisme. A Paris comme en régions, elles ont réuni à chaque fois quelques centaines de personnes. La CGT, FO, la FSU et Solidaires ont plus mobilisé, mais sans faire le plein de manifestants. A Paris, 30.000 personnes ont répondu à leur appel selon la police, lors d’une manifestation émaillée d’affrontements entre forces de l’ordre et activistes de l’ultragauche qui ont fait trois blessés parmi les CRS.

Les manifestants étaient entre 4.800, selon la préfecture, et 40.000 selon les organisateurs à Marseille, entre 6.000 et 15.000 à Toulouse, entre 5.000 et 8.000 à Lyon ou encore entre 3.200 et 5.000 à Rennes. Une mobilisation loin de ce « troisième tour social «  que nombre de militants, qui ont défilé, appellent de leurs voeux.

Leïla de Comarmond