un premier trimestre exceptionnel pour les grandes places mondiales

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Les Echos n° 21157 du 02 Avril 2012 • page 29

Les Bourses mondiales ont connu un début d’année exceptionnel. Plusieurs indices affichent des performances trimestrielles inégalées depuis plusieurs décennies. Au total, la capitalisation boursière des places internationales s’est étoffée de presque 3.400 milliards de dollars, effaçant ainsi les pertes de l’ensemble de l’année passée (autour de 3.000 milliards), selon les calculs de Standard & Poor’s.

Les places européennes rebondissent
Après la débâcle de 2011, les places européennes ont rebondi. Certaines de façon marquée, comme Francfort, qui a grimpé de 18 % sur ce trimestre, son meilleur début d’année depuis 1998. L’Euro Stoxx (+ 10 %) a inscrit son meilleur premier trimestre depuis 2006.

Les places ont été soutenues par les injections massives de liquidités de la Banque centrale européenne (à travers des opérations de prêts à trois ans), sur fond d’amélioration du contexte macroéconomique. Tandis que les scénarios les plus noirs sur la conjoncture se sont éloignés, les investisseurs ont salué des signes positifs sur la crise de la dette (relèvement du « pare-feu » financier, restructuration grecque, etc.).

Toutefois, les écarts entre les grandes places restent notables. Londres a ainsi grappillé moins de 4 %. « Le FTSE 100 a été affecté par son profil défensif et son fort poids en valeurs minières », note ainsi Stéphane Jeannin, spécialiste actions chez Threadneedle Investments. Le CAC 40 a avancé, lui, de 8 %. L’indice Ibex 35, à Madrid, a même baissé de 6,5 % – la seule performance dans le rouge parmi les grandes places -, alors que la situation en Espagne continue d’inquiéter.

Wall Street poursuit sa hausse
Après un millésime 2011 marqué par la bonne résistance des places américaines, Wall Street a encore réussi à progresser en ce début d’année. Avec un gain de 12 %, l’indice S&P 500 affiche son meilleur début d’année depuis 1998. Le Nasdaq (+ 19 %), au-dessus des 3.000 points – retrouvant ses sommets de fin 2000 -, a connu son meilleur premier trimestre depuis 1991 ! La publication d’indicateurs positifs ces derniers mois, ajouté au soutien de la Réserve fédérale américaine (Fed) et aux tests de résistance des banques ont donné un nouvel élan au marché. D’autant que les résultats des sociétés ont été plutôt rassurants. Les entreprises regorgent de cash. Symbole de cette belle santé, le titre Apple a atteint des records.

De son côté, le Nikkei a rebondi : il a progressé de 19 % – son meilleur premier trimestre en vingt-quatre ans -, au-dessus du cap symbolique des 10.000 points. « L’indice japonais a bénéficié de la baisse du yen grâce à l’action de la banque centrale – favorable aux valeurs exportatrices, souligne Roland Kaloyan, stratégiste à la Société Générale. Sans compter que c’est l’un des marchés les moins chers du monde. »

Les marchés émergents reprennent des couleurs
Après un effondrement l’an dernier, le MSCI Emerging Markets (EM) a repris quelque 14 %, du jamais vu en vingt ans sur un début d’année. Il dépasse ainsi le MSCI World des marchés développés. L’environnement a été plus porteur, avec une baisse de l’inflation et de nouveaux gestes d’assouplissement monétaires de plusieurs banques centrales (notamment au Brésil, en Indonésie mais aussi une baisse des réserves obligatoires en Chine) et un regain d’appétit pour le risque. Les fonds actions émergentes ont été alimentés par plus de 20 milliards de dollars de flux ce trimestre; un net changement de tendance par rapport aux sorties de l’an dernier.

Phénomène remarquable : tous les pays de l’indice EM sont dans le vert ce trimestre. « Le début d’année a été marqué par un net rebond des places qui avaient le plus souffert en 2011. Mais plus récemment, avec les tensions sur l’Espagne et les inquiétudes sur la croissance chinoise, les investisseurs deviennent plus sensibles aux fondamentaux économiques des pays, notamment les déficits », explique Xavier Hovasse, gérant chez Carmignac Gestion. L’indice composite de Shanghai n’a avancé que de 3 % en trois mois. A l’inverse, la place égyptienne affiche un bond spectaculaire de presque 40 %, sur fond d’apaisement de la situation politique. La Turquie et la Hongrie font aussi partie des meilleures performances. « Ce sont des économies très liées à la zone euro », reprend-il.

MARINA ALCARAZ