Une ville sans pollution dans le désert d’Abu Dhabi

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Les Echos n° 20374 du 02 Mars 2009 • page 12

Pas de voitures ŕ moteur thermique, zéro rejet de dioxyde de carbone, recyclage total des déchets domestiques. La construction de la premičre ville « zéro pollution » entre dans sa phase concrčte dans l’émirat d’Abu Dhabi. Ce projet de 22 milliards de dollars (17,5 milliards d’euros) est financé en grande partie par le gouvernement de l’émirat. Le sultan Ahmed Al-Jaber a mis sur la table 15 milliards de dollars pour démarrer le programme, attirer les investisseurs privés et attirer les meilleurs experts et urbanistes du monde. Objectif : faire entrer le pays dans la modernité technologique et casser son image de désert assis sur une rente pétroličre. A l’horizon de 2016, cette ville nouvelle baptisée « Masdar City » (signifiant source) devrait accueillir environ 50.000 habitants. Ces nouveaux urbains devront se plier ŕ un mode de vie et des équipements totalement nouveaux. Les responsables du programme, qui ne manquent ni d’argent ni d’imagination, estiment que ce sera la plus vaste « éco-cité » du monde. C’est le cabinet d’architecte britannique Fosters & Partners qui est responsable de la conception.

1.500 entreprises attendues
Les promoteurs veulent également faire de cette cité du XXIe sičcle une vitrine et un terrain d’expérimentation en vraie grandeur pour le développement durable. Ils tablent sur l’installation de 1.500 entreprises de type « clean tech » (spécialisées dans les technologies vertes) dans l’enceinte de la ville. Un statut fiscal préférentiel a été créé ŕ dessein, pour attirer ces spécialistes du « green business » comme le groupe américain General Electric qui fait partie des premiers locataires industriels. Plusieurs universités américaines, dont le MIT, participent également au projet. La ville possčdera tous les équipements indispensables ŕ une agglomération de cette taille. Une « éco-université », construite avec l’aide du MIT, est également prévue. Ses premiers étudiants sont attendus ŕ l’automne prochain.

La ville, construite dans la banlieue de la capitale Abu Dhabi City, s’étend sur une surface d’environ 6 km2. Elle sera alimentée en énergie par une ferme solaire comprenant des panneaux solaires fournissant une puissance totale de 10 MW. La nuit, une centrale thermique ŕ gaz prendra le relais. Un systčme de canalisations souterraines devra évacuer tous les déchets qui seront recyclés. Un réseau de transport faisant appel ŕ des véhicules électriques automatiques circulant en site propre assureront les déplacements des résidents qui n’auront pas le droit d’utiliser des véhicules individuels. D’immenses parkings situés ŕ l’extérieur de la ville accueilleront les Ferrari et les BMW des riches habitants de l’émirat. De nombreuses inconnues pčsent sur ce projet qui vise ŕ terme l’équilibre économique. Cette région du monde connaît en été des températures caniculaires (plus de 45 °C). Un autre écueil réside dans les vents chargés de sable qui risquent d’endommager les panneaux solaires et faire baisser rapidement leur rendement photovoltaďque. Au fond, peu de choses par rapport aux énormes enjeux du développement durable. On se demande, d’ailleurs, pourquoi l’Europe ne lance pas un projet équivalent en Sicile, sur la Costa del Sol ou la Côte d’Azur.

ALAIN PEREZ