Un système industriel émerge autour de la Seine

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L’idée d’un grand ensemble portuaire à l’aval de Paris commence à faire son chemin sous le nom de « Haropa « . Il n’évoque certes pas encore grand-chose pour les clients étrangers des ports mais repose, en France, sur une réalité industrielle méconnue. « L’axe Seine occupe une position certaine, sans doute insoupçonnée, quand on sait qu’il concentre 35 % des investissements internationaux en France », révèle Marc Lhermitte, associé chez EY à la tête de la branche Europe de l’activité conseil en implantation du géant américain de l’audit.

La Seine réunit des conditions rares. C’est d’abord le marché de consommation des 12 millions d’habitants de la région parisienne. C’est aussi un terrain industriel en pleine mutation, notamment dans le domaine des déplacements. « La mobilité du futur s’invente en vallée de Seine « , ne craint pas d’affirmer Marc Charlet, directeur général du pôle de compétitivité Mov’eo. Quelque 350 entreprises et laboratoires membres du pôle y développent des véhicules plus propres, plus économes, plus sûrs et connectés. Et cela concerne aussi l’aéronautique. La filière s’étend jusqu’aux carburants et aux énergies nouvelles.

L’axe Seine constitue aussi une artère sur le marché mondial des céréales et également permis de développer une industrie de services pour la région parisienne, particulièrement en matière de valorisation des déchets tels que papiers et bouteilles en plastique.

A elle seule, la proximité de Paris ne suffit pas à expliquer ce foisonnement. « Nos activités sont de plus en plus sensibles aux pressions liées à l’évolution de la société, les questions de risques industriels et de sûreté sont de plus en plus présentes, relève Cédric L’Elchat, directeur de Sarp Industries. Une implantation dans les ports facilite l’adaptation des industriels à ces exigences. «  S’y ajoute, évidemment, la proximité des moyens de transport et des sous-traitants qui occupent aussi les zones portuaires.

Yann Alix, délégué général de la fondation Sefacil vouée aux stratégies logistiques de demain, est plus nuancé. « La densité de l’axe Seine permet de multiplier, sur 250 kilomètres, les interactions économiques et elle se nourrit des flux internationaux qui rendent possible la venue d’autres industries, mais Rotterdam se projette déjà à l’horizon 2100 « , a-t-il lâché à une table ronde organisée par Les Echos Events, Haropa et Paris Seine Normandie. Le coût et la flexibilité du travail jouent aussi. Les 608 implantations étrangères recensées en France en 2014 sont en hausse de 18 % sur 2013, mais les 12.577 emplois induits correspondent à une baisse 11 %, selon EY.

Dominique Malécot