Le cancer, la priorité numéro un de Servier

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Au coeur de Paris, ce jeudi, les salles de cinéma ont à l’affiche « la Fille de Brest « , le récit du combat d’Irène Frachon pour dénoncer le scandale du Mediator, cet antidiabétique produit par Servier à l’origine de plus de 1.500 morts. Mais le regard des dirigeants du laboratoire se porte, lui, sur l’avenir du deuxième groupe pharmaceutique français. La fin de règne de Jacques Servier, il y a deux ans, avait été marquée par un certain attentisme du côté du développement des médicaments. La feuille de route fixe désormais la sortie d’un nouveau traitement tous les trois ans. Un objectif ambitieux qui a demandé de faire le tri.

Parmi les cinq aires thérapeutiques prioritaires, l’oncologie concentre une attention particulière, aux côtés des spécialités historiques (diabète et maladies cardiovasculaires). La moitié du budget de R&D; de 700 millions d’euros y sera consacré d’ici à 2018 – contre 14 % il y a deux ans. Sur les 23 molécules en développement, 9 portent sur le cancer. « Un groupe de notre taille n’a pas d’autres choix que de focaliser ses recherches sur un nombre limité de pathologies et de processus biologiques clefs « , justifie Emmanuel Canet, vice-président exécutif de la R&D.; Il s’agit ici de viser l’une des principales causes de mortalité dans le monde et en constante progression, avec, rien qu’en France, 385.000 nouveaux cas déclarés en 2015 et 150.000 décès.

A défaut de rivaliser avec les moyens financiers des Big Pharma, Servier s’appuie sur une politique de partenariats. Les deux tiers des traitements à l’étude sont développés en collaboration avec des géants (Amgen, Novartis…), des biotech spécialisées (Cellectis…) ou des organismes de recherche. Là encore, l’oncologie se taille la part du lion : la moitié de la quarantaine d’accords signés depuis cinq ans porte sur ce domaine. « Notre atout est de ne pas être présent directement aux Etats-Unis et le Japon, deux pays majeurs, explique Eric Falcand, vice-président du développement commercial et des licences. Cela nous permet d’attirer des partenaires en leur laissant par exemple les droits américains, le plus gros marché du monde, tandis que nous avons la commercialisation dans les autres régions. «  C’est ainsi que Servier a pu lancer cette année en Europe le Lonsurf, codéveloppé avec le japonais Taiho, dédié au cancer colorectal.

Revers de la médaille, le laboratoire doit alors faire une croix sur des revenus potentiels. Le cancer pourrait l’amener à infléchir son modèle, notamment au Japon, le deuxième marché mondial en oncologie. « On est en train de planifier le projet d’une implantation commerciale avec un partenaire local, assure Eric Falcand. Pour les Etats-Unis, la réflexion est moins avancée, mais elle existe. «  Ce qui serait une petite révolution pour un groupe historiquement porté sur l’Europe et les pays émergents.

Les chiffres clefs

Le chiffre d’affaires de Servier pour l’exercice 2015-2016, dont 1,1 milliard dans les génériques.

Son budget annuel de R&D.

@pdemouxSuivre