Raoul Hedebouw, le Mélenchon belge, agressé au couteau

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Il se rêve en cousin belge de Jean-Luc Mélenchon. En ce 1er mai, le leader du Parti du travail de Belgique (PTB, extrême-gauche), Raoul Hedebouw, en pleine opération de débordement du PS par sa gauche, a dominé l’actualité wallone.

Judiciaire, d’abord. Peu avant son traditionnel discours pour la Fête des travailleurs, sur une place de Liège, il a été agressé par derrière au couteau. Il a été touché à la jambe. L’agresseur, un homme de 62 ans, s’exprime en turc. La scène, filmée, montre avec un comportement erratique et visant la jambe plutôt que le dos ou la tête. Il était connu des services de police pour coups et blessures envers un agent de police en 2010, à Anvers. La piste d’un acte de déséquilibré est privilégiée et une expertise psychiatrique en cours.

« L’arrogance des libéraux »

Actualité politique, ensuite. Malgré le coup reçu, Raoul Hedebouw a délivré son discours, continuant de se poser en héraut de la « vraie » gauche face à un PS qu’il juge dévoyé. Il a fustigé « l’arrogance des libéraux qui répètent qu’il n’y a pas d’alternatives aux valeurs libérales ». Il a souligné le bon score réalisé à la présidentielle française par Jean-Luc Mélenchon, signe qu' »un vent traverse l’Europe pour retourner aux vraies valeurs de la gauche », puis a réclamé la semaine des… 30 heures.

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Et, comme pour Jean-Luc Mélenchon, l’offensive paye. Quasi indétrônable depuis des décennies en Wallonie, le PS y est fragilisé depuis l’hiver par le scandale « Publifin », une affaire d’abus de biens sociaux qui a coûté leurs places à plusieurs figures du parti et a durement frappé son image. Au point que des sondages le donnent désormais devancer d’une tête par la droite (MR) et surtout au coude au coude avec le PTB, qui a récupéré nombre des déçus.

Deux gauches irréconciliables

En réaction, le PS wallon a tenté de profiter de ce 1er mai pour reprendre voix et promettre un renouveau. Sans jamais citer la formation communiste qui lui taille des croupières, Elio Di Rupo s’est lui aussi appuyé sur l’exemple de la France, cette fois-ci pour appeler son camp à ne pas négliger « la montée des extrêmes ». Il y voit l’expression d' »une nouvelle lutte des classes » nécessitant d’envoyer « un message d’espoir aux gens » et a promis à cet effet de nouvelles primes en faveur du pouvoir d’achat.

Ce 1er mai, avec des militants très remontés les uns contre les autres, aura surtout accentué la fracture entre deux gauches, elles aussi irréconciliables, analyse la presse belge. Si le PS belge est moins affaibli que le français, l’hypothèse d’un destin similaire n’est pas à exclure, prévient même le quotidien « Le Soir », lui aussi prompt à dresser le parallèle avec la France.

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« On sait le maillage socialiste très fort en Belgique francophone, mais l’élection française vient de montrer que même les dinosaures peuvent perdre pied », y écrit l’éditorialiste Béatrice Delvaux. « Le PS ‘officiel’ francophone votait dimanche dernier comme un seul homme pour Benoît Hamon. Mais Hamon a mordu la poussière, face à un Mélenchon dont la dynamique et la rhétorique ont beaucoup de ce PTB, longtemps snobé, mais qui cartonne lui aussi dans les sondages auprès des ouvriers et des jeunes », analyse-t-elle.