Avec l’acquisition de MinuteBuzz,TF1 poursuit sa conquête du numérique

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« Non, la télévision n’est pas morte. Elle a fait des enfants. Et, on très fier de vous présenter notre première adoption « . C’est par ce clin d’oeil qu’Olivier Abecassis, directeur innovation et digital de TF1 a présenté la prise de participation majoritaire de son groupe dans MinuteBuzz, média très présent sur les « millénials « , les jeunes devenus le graal des annonceurs.

Vu de loin, on n’aurait pas forcément imaginé il y a quelques temps, le mastodonte TF1 racheter une petite société d’une quarantaine de collaborateurs, spécialisée sur les vidéos courtes sur les réseaux sociaux, dont l’état major de TF1 n’avait sans doute jamais entendu parler il y a quelques mois…De son côté, Maxime Barbier, directeur général de MinuteBuzz, qui revendique 9 millions de fans et 250 millions de vidéos vues par mois, précise en souriant qu’il n’avait pas regardé la télévision depuis son adolescence…

Renforcer la position de TF1 sur les millennials

Cette acquisition témoigne de la volonté de TF1 de « sortir de son territoire naturel «  comme le dit Olivier Abecassis, pour se développer sur le digital, l’un des gros enjeux du groupe. « TF1 a l’ambition de consolider sa position de première content market place de France (écosystème de contenus télé, digitaux etc. proposé aux annonceurs, NDLR). MinuteBuzz va nous aider à renforcer notre position sur les millennials, en apportant leur expertise », explique Sylvia Tassan Toffola, directrice générale déléguée aux opérations commerciales chez TF1 Publicité, qui est à l’origine des fiançailles entre la chaîne « des ondes positives » et un média de divertissement « qui veut changer le monde en apportant du bonheur ».

Concrètement,les deux vont travailler ensemble sur la création de nouveaux formats éditoriaux et des partenariats dans le brand content/native advertising (contenus créés pour et avec des marques). Par exemple, ils réfléchissent à lancer une offre d’information spécifiquement conçue pour les jeunes, qui ne sera d’ailleurs pas forcément sous la marque TF1. De même, si un client veut du brand content pour des cibles jeunes, TF1 pourra lui proposer les solutions de MinuteBuzz. Un commercial de ce dernier va ainsi venir travailler dans la tour TF1 de Boulogne, tandis qu’un journaliste va aller dans la start-up. « L’idée est d’accélérer nos stratégies respectives pour que la somme des deux soit supérieure à deux », reprend Olivier Abecassis. « On garde notre autonomie « , précise Laure Lefèvre, présidente de MinuteBuzz, citant l’exemple du partenariat entre BuzzFeed et NBCUniversal.

MinuteBuzz rentable affiche un chiffre d’affaires proche de 5 millions

Ils ont été très discrets sur le volet financier. MinuteBuzz, qui a pris la décision radicale de fermer son site début octobre pour ne publier que sur les réseaux sociaux,est rentable depuis trois ans. Dans une interview au « Journal du Net », Maxime Barbier avait indiqué que le chiffre d’affaires venant du brand contentétait proche des 5 millions d’euros. A l’occasion de ce rapprochement avec la filiale de Bouygues, les business angels et le fonds Seventure (qui détenaient le capital aux côtés des fondateurs) sont sortis.

Vers d’autres acquisitions ?

Si elle est symbolique et témoigne de la volonté de ce dernier d’accélérer dans le numérique, cet investissement, a priori de quelques millions d’euros, reste donc relativement petit. « C’est un premier pas intéressant, mais on attend toujours des acquisitions structurantes », souligne Alexandre Koller, analyste chez Gilbert Dupont. Le groupe a accentué son virage digital ces derniers mois avec le lancement de programmes d’incubation, d’un fonds dédié à des prises de participation etc. ; mais il a encore du chemin à faire. Le chiffre d’affaires digital tourne autour de 5 % des revenus totaux du groupe, selon les estimations des analystescet été. Mais, il pourrait y avoir d’autres emplettes dans ce domaine. « Gilles Pélisson (pdg de TF1) veut faire du digital une priorité. On aura donc les moyens de nos ambitions », précise Oliver Abecassis.

Il y a un an, la chaîne privée avait annoncé qu’elle fermait sa plate-forme vidéo Wat.tv . Lancée en 2006, celle-ci devait concurrencer YouTube et Dailymotion mais n’avait jamais atteint l’audience espérée.