La rentrée scolaire perturbée par des mouvements sociaux « exceptionnels»

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L’année scolaire débute jeudi pour quelque 12 millions d’écoliers, collégiens et lycéens. Une rentrée inédite, avec deux grèves prévues dès le début de la semaine prochaine. Les syndicats et le ministre de l’Education s’affrontent, notamment sur les suppressions de postes et la formation des enseignants.

JESSICA BERTHEREAU, Les Echos

Quand chacun voit midi à sa porte. Pour Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, la rentrée des classes jeudi sera placée sous le signe de la « nouveauté «  pour les 12 millions d’élèves qui reprennent le chemin de l’école. Pour les syndicats d’enseignants, en revanche, la reprise des cours s’annonce « sombre et pesante » et « accumule tous les problèmes ».

Phènomène inédit, deux grèves sont prévues dès la deuxième semaine de cours. En plus de la journée de grève interprofessionnelle sur les retraites, le 7 septembre, le SNES-FSU a appelé à la grève le 6 septembre dans les collèges et les lycées. « A rentrée exceptionnelle, réponse syndicale exceptionnelle », justifie le premier syndicat du second degré, qui s’oppose notamment aux réformes du lycée et de la formation des enseignants. Quand, sur ce dernier point, Luc Chatel parle, lui, de « progrès » : cette réforme permet l’« élévation du niveau de qualification » et une « formation dans la réalité de la classe », assure le ministre. La « mastérisation », qui occasionne l’arrivée de professeurs débutants directement dans les classes, est vivement dénoncée par la communauté éducative, jusqu’aux inspecteurs de l’Education nationale dont le principal syndicat, le SI-EN Unsa, parle d’« une crise de confiance extrêmement forte entre les enseignants et le ministre de l’Education « .

Revalorisation salariale de 157 euros net par mois

Luc Chatel a pourtant rappelé, mardi, que « près du quart des enseignants (190.000) verront leur situation financière s’améliorer de façon concrète «  avec, par exemple, une revalorisation salariale de 157 euros net par mois pour les futurs professeurs des écoles et professeurs certifiés. « Mieux rémunérés […], les enseignants seront plus en mesure de s’investir pleinement dans leur mission : la réussite de chaque élève », en a conclu le ministre. Car c’est là que le bât blesse, a-t-il expliqué, puisque l’école « n’a pas encore réussi à assurer la réussite de chacun ».

Pour y remédier, il faut « rompre avec l’uniformité de notre action éducative pour la personnaliser », a plaidé Luc Chatel dans la droite ligne du rapport de la Cour des comptes sur les politiques publiques d’éducation. Le ministre souhaite ainsi adapter les moyens à la réalité des élèves de chaque école. « La question des moyens n’est pas la réponse aux problèmes de l’Education nationale aujourd’hui », a-t-il plusieurs fois souligné ces derniers mois.

Faux, rétorquent les syndicats, qui se focalisent sur les 16.000 suppressions de postes de cette rentrée, portant à près de 50.000 le nombre de postes supprimés dans l’Education nationale depuis 2007. « L’Education nationale participe à l’effort collectif de la nation pour la réduction des déficits », a justifié Luc Chatel. Mais cette politique n’emporte pas l’adhésion des Français : d’après un sondage CSA commandé par le principal syndicat du primaire, le SNUipp-FSU, 80 % d’entre eux pensent que la politique de non-remplacement d’un enseignant sur deux partant à la retraite est une « mauvaise chose « .