Apple franchit la barre historique des 1.000 milliards de dollars en Bourse

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Mille milliards de dollars… Ce n’est pas une référence au film d’Henri Verneuil en 1982 (six ans après la naissance d’Apple), mais la capitalisation boursière de la marque à la pomme. L’action Apple a atteint les 207,05 dollars ce jeudi 2 août à 17 heures et 49 minutes, heures de Paris, propulsant la valeur boursière du groupe américain à un niveau stratosphérique. Le cours a terminé vendredi légèrement au-dessus de ce seuil, à 207,14 dollars. A elle seule, Apple pèse autant que les 10 plus grosses valeurs de l’indice CAC 40 (LVMH, Total, L’Oréal, Sanofi, Airbus, BNP Paribas, Kering, Axa, Vinci et Air Liquide) et autant que le PIB du Mexique.

C’est la concrétisation d’un parcours boursier exceptionnel depuis son entrée en Bourse dès 1980. L’action a ainsi bondi de plus de 35.460 % depuis son IPO. Plus récemment, les cours ont été multipliés par 48 depuis mars 2000… La valeur n’avait pas été épargnée par la bulle internet (-71 % en 2000) mais, depuis, elle n’a connu que trois années de baisse (2002, 2008 et 2015) pour treize de hausse. Son âge d’or date d’ailleurs de 2009 (+146 % en un an, seulement la quatrième meilleure année de son histoire), lorsque le groupe a commencé à profiter du succès de l’iPhone 3G. L’action a d’ailleurs gagné 1.739 % depuis son point bas de janvier 2009 quand l’indice Nasdaq n’a gagné « que » 436 %.

Profits records

A 1.000 milliards de dollars, Apple demeure la plus grosse entreprise cotée du monde – place qu’elle occupe quasiment sans discontinuer depuis août 2011, quand elle avait ravi cette place symbolique au géant pétrolier Exxon. Ce n’est finalement pas une surprise qu’elle soit la première de l’ère moderne à atteindre ce chiffre symbolique.

Apple a su fabriquer, au fil des ans, des produits qui ont atteint le rang d’icône pour les consommateurs, lui permettant de vendre ses téléphones, tablettes ou ordinateurs en dégageant une marge très élevée. Car Apple détient aussi le record du monde des profits pour une entreprise cotée, avec 20 milliards de dollars sur le seul dernier trimestre de 2017.

« Le groupe conserve une capacité hors du commun à créer des produits ergonomiques ou en tout cas très agréables à utiliser. Car Apple n’a jamais rien inventé, ni les baladeurs MP3, ni les tablettes, ni rien du tout « , rappelle Tangi Le Liboux chez Aurel BGC, « mais c’est le groupe qui assemble mieux des technologies existantes, donnant naissance à des produits qui offrent de nouveaux usages « .

Triplement du chiffre d’affaires

A de rares exceptions près, ces dernières années, la croissance de la marque à la pomme n’a jamais faibli. Son chiffre d’affaires a été multiplié par trois et demi entre 2010 et 2017, passant de 65 milliards à 229 milliards de dollars, et il pourrait atteindre 261 milliards cette année.

En dix ans, sur le marché des smartphones, le groupe n’a par exemple enregistré qu’une seule année de décroissance de ses ventes. Un tour de force alors que « le marché des smartphones arrive à saturation et que les innovations se font plus rares « , reconnaît Aurel BGC. En fait, le secret d’Apple est d’être « devenu un groupe rentier qui s’appuie, avec de fortes marges, sur les services dont l’immense majorité est développée par des tiers « , poursuit Tangi Le Liboux.

Machine à cash

L’autre secret du groupe, c’est d’être devenu une extraordinaire machine à cash… La société est assise sur plus de 250 milliards de dollars de cash, qui sert de base à une politique massive de rachat d’actions. Depuis 2012, Apple a déjà rendu 275 milliards de dollars à ses actionnaires, dont 200 milliards en rachat d’actions et il vient de lancer un nouveau plan de 100 milliards. Un record alors qu’Apple a réalisé cinq des dix plus grosses opérations de rachat d’actions de l’histoire américaine. Cette politique lui permet de diminuer le nombre d’actions en circulation et donc d’augmenter mécaniquement le bénéfice par action, ce qui constitue un soutien de poids à la hausse de l’action. Une pratique très utilisée à Wall Street.

Apple a franchi la barre des 1.000 milliards et a gagné la première étape de la course contre les autres stars américaines et chinoises de la tech. A l’avenir, il lui faudra prouver sa capacité à résister à la concurrence, notamment chinoise et coréenne sur les smartphones. Brian Colello chez Morningstar se montre confiant : « les produits et services comme Apple Watch, iCloud, HomePod, Airpods, Apple Pay… ne sont pas seulement des moteurs pour créer de la croissance et des profits supplémentaires pour l’entreprise, ils ont aussi amélioré l’écosystème qui permettra à Apple de continuer à vendre ses iPhones à des prix plus élevés à une clientèle fidèle « . Des clients et un « pricing power  » qui ont permis au groupe créé par les deux Steve (Jobs et Wozniak) d’imprimer leur marque au temple de la finance américaine.