le blues des géants du négoce

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Elles avaient acheté des activités à tour de bras ces dernières années. Mais les grandes maisons de négoce n’échappent pas à la crise des matières premières. Comme les grands groupes miniers, de nombreux traders cherchent désormais à vendre des actifs. Qu’ils opèrent dans les métaux, les produits agricoles ou le pétrole. Les raisons invoquées ne sont toutefois pas toutes identiques. Il y a les maisons ultra-endettées, à l’image de Noble Group. Le plus gros négociant asiatique de matières premières s’est dit prêt à lâcher une partie de ses activités, même dans son coeur de métier. Mis en difficulté après des accusations sur ses méthodes comptables, le trader a plongé de 62 % à la Bourse de Singapour cette année.

Egalement accablé par une lourde dette, Glencore a vu son action chuter de 66 % depuis janvier. Pour réduire son fardeau de 10 milliards de dollars, le groupe d’Ivan Glasenberg souhaite se défaire d’une partie de ses activités agricoles. Il en a fait l’annonce cet été et promet que les négociations avancent. On lui prête de discuter notamment avec un fonds saoudien et avec le conglomérat agricole chinois Cofco. Les analystes estiment que cette vente pourrait rapporter environ 2 milliards de dollars. Il y a trois ans, Glencore avait dépensé près de 5 milliards de dollars pour mettre la main sur le négociant en grains canadien Viterra.

Cette mise sur le marché des actifs agricoles de Glencore, à un moment où les prix se sont effondrés, n’arrange pas forcément les affaires de Louis Dreyfus Commodities. Car le groupe de négoce dirigé par Margarita Louis-Dreyfus cherche, lui aussi, à céder une participation minoritaire de la maison. C’est l’une des options envisagées par la femme d’affaires, qui doit financer le rachat des parts du holding Louis Dreyfus encore en possession de la famille de Robert Louis-Dreyfus.

Mercuria serait en négociation pour vendre une petite partie de la société à ChemChina, la plus grande entreprise chimique chinoise, croyait savoir Bloomberg fin octobre. Ce, un an après avoir acquis les activités de JP Morgan dans les matières premières physiques. Il pourrait s’agir d’une participation de 10 % à 20 %, selon l’agence financière, qui cite des sources proches du dossier. Les « hedge funds » contrôlés par les géants du négoce ne sont pas épargnés par la crise des matières premières. Chez Trafigura, Galena Asset Management a ainsi annoncé lundi qu’il était en train de clore son principal fonds sur les métaux. Mardi, Bloomberg révélait que, chez Louis Dreyfus, Edesia Asset Management s’apprêterait à fermer son bureau singapourien.

@MuryelJacqueSuivre