La condamnation de son fondateur, Ross Ulbricht, clôt la saga Silk Road

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Ross Ulbricht, trente et un ans, va passer sa vie derrière les barreaux. Reconnu coupable de pas moins de sept chefs d’accusation (trafic de drogue, blanchiment, tentatives d’assassinat…), le fondateur de Silk Road – le supermarché des drogues sur Internet – ne pouvait guère espérer la clémence du jury. Ce site, dont la monnaie d’échange était le bitcoin, et où clients et trafiquants avaient leurs habitudes, avait connu une croissance phénoménale de ses ventes- 600 % – entre 2012 et 2013, avant que les autorités américaines ne procèdent à sa fermeture et à une série d’arrestations. Il a généré près de 200 millions de dollars de bénéfice en près de trois années. Une goutte d’eau dans les volumes générés par le trafic mondial de drogue.

1ère bourse mondiale des drogues

L’innovation essentielle de Silk Road résidait dans la création de la première plate-forme d’échange électronique de stupéfiants qui soit à la fois robuste et fiable. Baptisée « eBay  » des drogues par les internautes, elle était devenue l’embryon d’une Bourse mondiale des stupéfiants, ouverte 24 heures sur 24, rapide, transparente, où les acheteurs notaient la qualité des produits et le service-livraison des vendeurs. Monnaie d’échange, le bitcoin sera longtemps associé, malgré lui, à ce site sulfureux et aux dérives d’Internet. L’annonce le 2 octobre 2013 de la fermeture du site entraîna un plongeon de 22 % du cours du bitcoin. Dans l’esprit du grand public, cette devise était celle de l’économie informelle et son sort donc intimement lié à elle, ce que confirme une étude (1) sur la période 2011- juillet 2013 : les recherches du terme « bitcoin » sur Google étaient corrélées à celles du terme « Silk Road « . Plus le supermarché des drogues était populaire et connu, plus l’intérêt pour le bitcoin grandissait.

Darkcoin et économie souterraine

Aujourd’hui, pour opérer en tout anonymat sur le Web, les individus ont à leur disposition des devises électroniques ou digitales encore bien plus « discrètes  » et difficiles à traquer que le bitcoin, comme le bien nommé « Darkcoin « . Parmi les monnaies électroniques qui ont émergé dans le sillage du bitcoin, certaines (chaîne de Ponzi…) ne renieraient pas l’héritage controversé de Ross Ulbricht.

N. A.-K.