Les villes sont devenues des prescripteurs clefs

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C’est peut-être dans les grandes villes allemandes comme Stuttgart, Munich ou Düsseldorf que va se jouer l’avenir du diesel…. Dernièrement, plusieurs municipalités ont effrayé la filière automobile en envisageant de bannir partiellement les véhicules diesel de leurs centres-villes. C’est la justice, saisie par une association de défense de l’environnement, qui a poussé les villes à agir, en raison de valeurs d’oxyde d’azote (NOx) parfois très supérieures aux limites européennes. Principal responsable de cette pollution de l’air : le diesel. Dans ce cadre, la Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre l’Allemagne.

Des villes polluées

Stuttgart a eu un rôle moteur dans ce grand débat national. Située dans une cuvette, la cité fait partie des villes les plus polluées du pays. En 2016, l’Office fédéral de l’environnement (UBA) a enregistré 82 microgrammes d’oxyde d’azote par mètre cube en moyenne annuelle dans l’une des artères les plus fréquentées de la ville, alors que Bruxelles fixe la limite à 40 microgrammes. Le Land du Bade-Wurtemberg a ainsi annoncé en début d’année une interdiction de circulation des véhicules diesel les plus anciens lors des pics de pollution, à compter du 1er janvier 2018, dans la capitale régionale berceau de Mercedes et Bosch. Avant de privilégier une solution concertée avec les constructeurs pour une intervention sur les véhicules pour réduire les émissions polluantes.

Pression accrue sur les constructeurs

Mais le tribunal administratif de Stuttgart, saisi par une association environnementale, a estimé insuffisant, vendredi, le plan du Land en matière de gestion de la qualité de l’air et jugé qu’une interdiction pure et simple du diesel constituait l’action la plus efficace pour réduire les émissions de NOx. La santé passe avant les intérêts des propriétaires de véhicule, a estimé le juge. La décision, qui peut être annulée par le tribunal administratif fédéral, a enflammé le débat quelques jours avant la réunion berlinoise… et accentué la pression sur les constructeurs. Dans ce contexte, à quoi bon des pourparlers entre industriels et politiques sur une réduction des émissions, si la justice juge d’ores et déjà cette mesure insuffisante ? Une décision de justice d’une instance supérieure devrait relancer le débat en début d’année prochaine : saisi par la ville de Düsseldorf, le tribunal administratif fédéral de Leipzig se prononcera sur la légalité d’une interdiction municipale de circulation des voitures diesel.

P. H. (à Berlin)